Sarabande
Accrocher les mots, les relier toute la nuit s'il le faut, écrire ce qui vient et va, relire ensuite cet enchevêtrement-forêt, souligner ce qui accroche l'esprit.
Laisser couler le sang des mots, le sang qui coule....
le sang qui coule....elle a 12 ans, elle pleure, elle a peur, elle tremble, un mouchoir rougi dans sa main, sûr elle va mourir s'il y a du sang! elle lui montre, sans mots, elle ne peut pas parler, juste cet intense désespoir.
Froidement, elle la regarde, lui tend un machin muni d'épingles de nourrices, sans d' autre mot que "mets ça"
c'est gros, ça gêne à vélo, elle ne s'assoit plus sur la selle, les jours "rouges" elle fait tout en danseuse jusqu'au collège, que ça ne se voit pas surtout, elle a tellement honte....
où est passé sa liberté de corps d'enfant ? avant, elle volait sur le vélo, devenait poisson dans l'eau, comment faire, seule, avec ce corps blessé?
elle manquera longtemps de mots, les siens, ceux des autres,
et puis, le jour viendra et poursuivre les mots, les en-lasser, les en-lacer, faire la ronde avec eux, laisser couler le sang des mots....mots rouges de vie.